Technicolor : 220 gardiens de brevets
Publié le mardi 29 mai 2012Technicolor : 220 gardiens de brevets
Si Technicolor a une riche histoire (l’entreprise française a inventé le procédé de colorisation du film « Le Magicien d’Oz »), son avenir est bien plus brumeux. L’usine d’Angers, qui emploie 330 employés, est en cessation de paiement alors que son principal client, Orange, a claqué la porte. Il est cependant une carte sur laquelle l’entreprise peut encore jouer : ses brevets.
La société est en effet à la tête d’un catalogue de 40 000 brevets touchant aussi bien la vidéo que l’audio ou l’optique. Et visiblement, les dirigeants ont bien l’intention de miser sur ce trésor pour sortir de l’ornière.
Bloomberg nous apprend que Technicolor entretient une équipe de 220 personnes disséquant le moindre smartphone et tablette du marché. Son but : débusquer les infractions, là où un constructeur a utilisé un brevet sans verser sa dîme. La société a pris langue avec quelques fabricants et a signé des accords de licences avec les principaux constructeurs mobiles. Technicolor finira t-il comme un vulgaire Kodak ? Rien n’est moins sûr, car malgré ses problèmes financiers, l’entreprise attire les investisseurs : JP Morgan a offert d’augmenter sa participation, et l’action a grimpé de 31% depuis janvier. Il n’est donc pas question de vendre ces précieux brevets, comme le réclamait des fonds d’investissements.
Il faut dire que cette activité est profitable : l’an dernier, cette branche a connu une marge opérationnelle de 76%, avec un portfolio de 1 200 contrats signés avec toutes sortes de constructeurs (téléviseurs, ordinateurs et appareils mobiles). Les ventes de licences ont atteint les 451 millions d’euros, soit 13% des revenus de l’entreprise. Malgré la bonne tenue de cette branche, et quelques succès d’envergure (les effets spéciaux de la saga Harry Potter proviennent d’un logiciel maison), Technicolor est aux abois : en 2011, les comptes accusaient une perte de 323 millions d’euros, une cinquième perte annuelle. Le groupe risque donc d’être plus agressif dans les semaines et les mois qui viennent.
On sait que les procès en matière de brevets prennent du temps : c’est pourquoi Technicolor préfère s’arranger avec les constructeurs plutôt que d’aller se battre dans les prétoires.
Sources : macplus.net