Rapport OEB – Deep tech innovation in smart connected technologies
Publié le lundi 23 mai 2022Dans leur rapport conjoint intitulé Deep tech innovation in smart connected technologies, l’Office européen des brevets (OEB) et la Banque européenne d’investissement (BEI) mettent en évidence les obstacles singuliers auxquels sont confrontées les petites entreprises de l’Union européenne actives dans le développement de technologies numériques de pointe.
L’informatique en nuage, l’internet des objets, les réseaux 5G et l’intelligence artificielle sont souvent décrits comme des technologies de la quatrième révolution industrielle (en forme abrégée, « technologies 4RI ») et constituent un volet essentiel de la « deep tech ».
Dans le sillage de la révolution numérique, la quatrième révolution industrielle fait référence à la manière dont ces nouvelles technologies font converger les univers physique, numérique et biologique. Le nouveau rapport formule des recommandations pour stimuler la croissance des entreprises européennes et favoriser l’innovation dans la « deep tech » au sein de l’UE.
António Campinos, président de l’OEB, a déclaré :
« De l’internet des objets à l’informatique en nuage, en passant par la 5G et l’intelligence artificielle, les innovations dans les technologies intelligentes et connectées bouleversent le statu quo mondial à un rythme sans cesse plus rapide. Les petites sociétés très innovantes d’Europe qui interviennent dans ces domaines peuvent jouer un rôle décisif pour renforcer la compétitivité de l’Europe dans les technologies numériques. Le rapport publié ce jour attire l’attention sur les politiques stratégiques et économiques nécessaires pour favoriser leur essor.
Ricardo Mourinho Félix, vice-président de la BEI, a ajouté :
Les nouvelles technologies intelligentes et connectées seront à l’origine d’une croissance de l’économie européenne de 2 200 milliards d’EUR d’ici 2030. Les entreprises européennes sont en train de combler leur retard par rapport aux chefs de file internationaux, et les investissements axés sur l’innovation dans la deep tech sont vitaux pour renforcer la compétitivité de l’Europe dans les technologies numériques de pointe. Le Groupe BEI et ses partenaires se tiennent prêts pour mobiliser des investissements publics et privés. Nous nous efforçons de favoriser l’expansion des entreprises développant ces technologies.
Les États-Unis ont une longueur d’avance sur le reste du monde en matière de demandes de brevets
Le rapport révèle que les petites et moyennes entreprises (PME) européennes continuent de déposer une part importante des demandes de brevet au niveau mondial pour les technologies 4RI, qui concernent principalement les dispositifs intelligents et connectés : l’UE des 27 représente ainsi près de 15 % des familles de brevets internationales (demandes de brevet déposées dans au moins deux pays ou auprès d’un office régional des brevets). Elle constitue à ce titre la troisième source de demandes de titres de propriété intellectuelle après les États-Unis et le Japon. Entre 2010 et 2018, période de référence de ce rapport, le volume de demandes de brevets relatives à ces technologies déposées par les PME de l’UE a progressé rapidement, à un taux de croissance annuel moyen proche de 20 %.
Malgré une activité de brevetage dynamique, le bloc de l’UE est le moins spécialisé dans l’innovation technologique 4RI par rapport à sa capacité d’innovation globale, à l’opposé des autres centres mondiaux d’innovation de premier rang que sont les États-Unis, le Japon, la Chine ou encore la Corée du Sud.
En termes absolus, l’Europe est également à la traîne derrière les États-Unis en nombre de PME développant des technologies 4RI. On dénombre en effet 6 517 entités aux États-Unis qui déposent des demandes de brevets dans des dispositifs intelligents et connectés. Avec ses 2 634 sociétés, l’UE en compte moins de la moitié.
Les chefs de file européens
Au sein de l’Union européenne, l’Allemagne (570), la France (400) et l’Italie (273) recensent le plus de PME actives dans le développement de technologies 4RI. Certains pays plus petits, comme la Finlande, la Suède, l’Irlande et le Danemark, devancent d’autres États membres de l’UE et même les États-Unis en nombre de petites entreprises de la filière 4RI rapporté à la taille de leur économie. Hors de l’UE, le Royaume-Uni, la Suisse et la Norvège sont également très bien positionnés.
Les points communs et les spécificités des États-Unis et de l’UE
Qu’elles soient établies aux États-Unis ou dans l’UE, les petites entreprises de la deep tech qui développent des technologies 4RI sont trois quarts à estimer que l’accès insuffisant aux financements et le manque de personnel qualifié freinent leur développement commercial.
Le rapport montre que, de part et d’autre de l’Atlantique, ces entreprises présentent une intensité d’investissement supérieure à la moyenne, qu’elles supportent des coûts de développement plus élevés et que le délai de commercialisation de leurs innovations est long.
D’après les résultats de l’enquête menée aux fins du rapport, 49 % des PME qui développent des technologies 4RI jugent les brevets très importants pour obtenir des financements et 80 % estiment que leurs investisseurs attachent de l’importance à l’existence d’une stratégie en matière de propriété intellectuelle.
Les PME européennes et américaines de la filière 4RI ont un profil similaire sur les plans de la taille et de l’âge. En Europe, 80 % des entités emploient moins de 50 personnes et 42 % existent depuis moins de dix ans. Leurs activités englobent les secteurs de la santé, du transport et des technologies propres, mais aussi l’analyse de données, et elles sont souvent (44 %) actives dans la production manufacturière.
Par ailleurs, aux États-Unis, les PME sont à l’origine d’une proportion plus importante du volume global de demandes de brevets 4RI. Elles en représentent en effet 16 %, alors que ce chiffre n’atteint que 10 % pour leurs homologues européennes.
Les PME européennes qui œuvrent au développement de technologies 4RI sont plus susceptibles de viser l’UE et les États-Unis comme premiers marchés de croissance : pour 57 % d’entre elles, l’Europe est le marché offrant le meilleur potentiel de croissance, tandis que 24 % citent les États-Unis comme principal marché futur. À l’inverse, leurs homologues américaines désignent leur marché domestique comme prioritaire pour leur croissance actuelle et future, et elles ne sont que 10 % à voir l’Europe comme leur principal marché futur.
Principales recommandations
Le rapport OEB-BEI, qui s’appuie sur des données, une enquête et des études de cas, propose une palette d’instruments de politique pour promouvoir l’innovation dans les technologies intelligentes et connectées en Europe.
Parmi ses principales recommandations stratégiques, le rapport met en évidence l’importance du financement de l’innovation :
- il s’agit de mettre en place des subventions ciblées et des politiques de déploiement à un stade précoce pour aider à lancer les jeunes pousses de la filière4RI, mais aussi des levées de fonds plus importantes au profit des entreprises ayant atteint un stade ultérieur de leur développement. Le Groupe BEI dispose d’instruments spécifiques pour combler le déficit de financement dont pâtissent les entreprises innovantes de l’UE. Outre les investissements réalisés par le FEI dans des fonds de capital-risque et des fonds spécialisés dans les entreprises en expansion («scale-up») au sein de l’UE, les activités de financement de l’innovation menées par la BEI revêtent la forme de services de conseil en investissement apportés au Fonds du Conseil européen de l’innovation (pour le volet subventions et fonds propres), ainsi que d’investissements directs au moyen de prêts d’amorçage-investissement et d’instruments de quasi-fonds propres dans un important portefeuille de projets innovants;
- la fragmentation du marché de l’UE et un accès insuffisant aux meilleurs talents restent un frein pour ces entreprises: le renforcement de la collaboration européenne en matière de propriété intellectuelle, avec par exemple, l’instauration du brevet unitaire au sein de l’UE, est une avancée bienvenue. La promotion des compétences numériques et une offre élargie de formation initiale et continue figurent parmi les solutions à plus long terme proposées dans le rapport.
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Sources et compléments : OEB