Pékin veut doubler la France en Allemagne
Publié le mardi 24 avril 2012Pékin veut doubler la France en Allemagne
A la Foire de Hanovre, Wen Jiabao promet que la Chine respectera mieux les règles de propriété intellectuelle, mais réclame en échange un assouplissement des règles européennes sur l’exportation des technologies de pointe.
Angela Merkel avait évidemment, dimanche soir, un oeil sur le résultat des élections françaises. Mais aussi une oreille attentive aux déclarations de Wen Jiabao, en compagnie duquel elle a ouvert la Foire de Hanovre, dont la Chine est l’invitée. Le Premier ministre chinois a affiché un objectif de croissance très ambitieux du commerce entre son pays et l’Allemagne: il prévoit un volume d’échanges de 280 milliards de dollars (213 milliards d’euros) en 2015, contre 190 milliards de dollars (143,9 milliards d’euros) en 2011. Ce qui ferait de la Chine le premier partenaire commercial de l’Allemagne, loin devant la France (la Chine est déjà le premier partenaire commercial de la plupart des grandes économies de la planète). Cette progression de la coopération économique passera toutefois par des concessions réciproques. « La Chine va renforcer la protection de la propriété intellectuelle », a promis Wen Jiabao. L’association des fabricants de machines-outils, la VDMA, a profité de la Foire pour publier une étude dérangeante : la copie de produits high-tech coûte aux entreprises allemandes 7,9 milliards d’euros par an, selon l’enquête menée auprès de 400 entreprises. « La Chine est le pays le plus souvent cité, et de loin », par les sociétés qui s’estiment lésées, relève le directeur de la VDMA, Hannes Hesse. En retour, Pékin attend de Berlin qu’il s’engage, au sein de l’Union, pour un assouplissement des règles européennes sur l’exportation de technologies de pointe vers la République populaire.
De redoutables compétiteurs
Pour l’Allemagne, la Chine est devenu un marché d’autant plus important que la zone euro, qui absorbe encore 40 % de ses exportations, traverse une crise sévère. C’est en Chine que les constructeurs automobiles allemands, par exemple, enregistrent leur croissance la plus forte. Le groupe Volkswagen, numéro un mondial par les bénéfices, a annoncé hier la prolongation pour vingt-cinq ans de son partenariat avec le constructeur chinois FAW. Alliées depuis 1991, les deux entreprises se concentreront sur les véhicules électriques et les services financiers, ont-ils annoncé. Pour beaucoup d’entrepreneurs, les Chinois deviennent toutefois de redoutables compétiteurs. Dans le secteur des panneaux solaires, c’est essentiellement la concurrence chinoise qui a provoqué les récents dépôts de bilan de plusieurs spécialistes allemands, comme Q-Cells. « Trop souvent on considère le pays du seul point de vue du potentiel de chiffre d’affaires, mais l’aspect compétition est de plus en plus important », a souligné Hannes Hesse.
Wen Jiabao exécute une tournée européenne qui l’a déjà emmené en Islande et va le conduire en Pologne et en Suède.
Sources : Les Echos