Le démantèlement de Megaupload provoque une onde de choc sur Internet
Publié le lundi 23 janvier 2012Le démantèlement de Megaupload provoque une onde de choc sur Internet
En pleine polémique sur la nouvelle législation antipiratage au Congrès, le démantèlement de Megaupload pose la question du contrôle et de l’éthique des sites de stockage et de téléchargement gratuits.
L’arrestation de Kim Dotcom (alias Kim Schmitz) et le démantèlement de son réseau en ligne Megaupload, menacent de jeter une ombre sur les sites de stockage et de partage de fichiers. Au lendemain de la saisie des actifs de Megaupload, l’avocat américain du site, Ira Rothken, a indiqué son intention de contester vigoureusement l’accusation et l’agressivité de la procédure utilisée par le FBI. Mais le raid sans précédent des autorités américaines, qui ont lancé 20 mandats de recherche dans 9 pays et ordonné la saisie immédiate de 50 millions de dollars d’actifs, pose clairement la question de la légalité des activités de Megaupload et de la portée de sa « mégaconspiration » évoquée dans l’acte d’accusation de 72 pages.
«De toute évidence, Megaupload est le plus important des sites opérés de manière criminelle visant à piller le contenu créatif du monde entier », a souligné, ce week-end, la Motion Picture Association of America (MPAA) qui milite ardemment en faveur de la loi Sopa (Stop Online Piracy Act). Des moyens dignes d’une véritable opération anti-mafia avaient été mobilisés, jeudi, pour procéder à l’arrestation de Kim Dotcom, un germano-finlandais de trente-huit ans.
50 millions de visites par jour
Outre la fermeture du site et l’arrestation de trois autres de ses responsables, la justice américaine a ordonné la saisie de 18 noms de domaines et de 525 serveurs installés par la société à Ashburn, en Virginie, en complément de ses 630 serveurs hébergés par le néerlandais LeaseWeb et de ceux fournis par l’américain Cogent en France. Selon le communiqué du Département de Justice et du FBI, le réseau Mega (Megaupload, Megavideo…) aurait spolié des propriétaires de copyright de 500 millions de dollars de recettes potentielles, tout en s’accaparant 175 millions de dollars de ressources publicitaires. Selon l’acte d’accusation, Megaupload, dont le siège est basé à Hong Kong, aurait été, un certain stade, le treizième site mondial le plus visité, avec, selon ses propres dires, « plus de 180 millions utilisateurs enregistrés à ce jour et 50 millions de visites par jour, soit environ 4 % du trafic total sur Internet ». L’opération intervient en pleine polémique sur les lois antipiratage Sopa et Pipa (Protect IP Act) au Congrès. Mais, face à la mobilisation de 14 millions de protestataires par Google, Facebook et Twitter sur Internet, le Sénat et la Chambre ont préféré, ce week-end, faire marche arrière en annonçant le report sine die des deux textes de loi. Toute la question reste de savoir si le « raid » sur Megaup-load est destiné à faire école. Même si le site de Kim Dotcom semble un cas à part, selon certains analystes, plusieurs sites de stockage et de téléchargement concurrents (« cyberlocker s») tels que Box.net, MediaFire, RapidShare, YousendIt ou Dropbox… vont devoir faire preuve de davantage de prudence.
Signe de la volatilité des réputations en ce domaine : l’acte d’accusation révèle qu’Universal Music (groupe Vivendi) avait envisagé, en novembre 2010, d’ouvrir des discussions avec Megaupload sur l’ouverture de son service de téléchargement légal MegaBox (iTunes sur le cloud). En guise de riposte, le groupe activiste Anonymous a lancé, dès jeudi, une série d’attaques, baptisée « Operation Payback », qui ont neutralisé temporairement plusieurs sites, dont celui du FBI.
Les dates clés du téléchargement illégal en image (Les Echos)
Sources : Les Echos