La propriété industrielle des entreprises à l’étude
Publié le mardi 29 mai 2012La propriété industrielle des entreprises à l’étude
Pour relancer la croissance par l’innovation, il est primordial que les entreprises considèrent la propriété industrielle (PI) comme une arme stratégique. Est-ce vraiment le cas en France ? Pour répondre à cette question, le cabinet de conseil en propriété intellectuelle Lavoix vient de réaliser son premier Baromètre de la propriété industrielle, auprès d’un échantillon d’entreprises représentatives du tissu économique national (tous secteurs industriels et toutes tailles).
« Les Echos » dévoilent les premiers indicateurs clefs de ce baromètre, qui sera publié le 15 juin prochain. « L’originalité est d’avoir sondé directement les principaux intéressés, les responsables de propriété intellectuelle », souligne Philippe Blot, président du cabinet Lavoix. Premier enseignement : « Ils estiment globalement que leur rôle n’est pas reconnu comme suffisamment stratégique au sein même de leur entreprise. » Une perception plutôt négative que ce baromètre a mesurée sur une échelle de 1 à 10 : ils mettent en moyenne le curseur à 5,8. « Ce chiffre est à mon sens le plus significatif du rôle peu stratégique de la PI », estime-t-il.
Autre constat : cette activité est encore très éclatée au sein des entreprises. Elle n’est rattachée directement au plus haut niveau (présidence ou direction générale) que dans 35 % des cas. Autrement dit, dans les deux autres tiers des sociétés du panel, la propriété industrielle dépend principalement de la direction juridique (31 %) ou de la direction de l’innovation (26 %). Elle est donc considérée davantage dans sa dimension technique que stratégique, même si ce lien s’explique logiquement par la complexité des aspects juridiques et techniques en la matière.
« A mon sens, estime Philippe Blot, la meilleure solution serait de rattacher davantage cette activité à la direction marketing, qui est la première concernée par l’utilisation de la propriété intellectuelle pour s’assurer un monopole et donc des marges sur un marché. » Selon l’enquête, ce cas de figure n’existe que dans 1 % des entreprises.
Une protection très abordable
Balayant une idée bien ancrée, l’étude montre que la PI ne coûte pas si lourd pour une entreprise. En moyenne, le budget alloué à ce poste représente 5 % des dépenses de R&D et 0,25 % du chiffre d’affaires annuel. Mais ce dernier ratio augmente à 1,12 % pour les PME qui génèrent moins de 35 millions d’euros. Cela confirme que les patrons de petites et moyennes entreprises ont bien pris conscience de l’importance de la propriété industrielle pour protéger leurs innovations.
Le principal point faible reste la valorisation des droits de propriété intellectuelle et industrielle, qui n’en est qu’à ses prémices en France. Sur une échelle d’appréciation de 1 à 4, elle ne ressort en moyenne qu’à 1,8 d’après ce baromètre. « C’est un chiffre assez bas, mais la valorisation n’est pas plus développée dans d’autres pays. Il serait illusoire de croire que toutes les entreprises vont céder des licences pour valoriser leur PI, car ce n’est pas un modèle que l’on peut généraliser », estime Philippe Blot.
Dernier indicateur clef : « Le nombre de brevets pour 1.000 salariés s’établit à 4,8 dans ce panel, soit cinq fois moins qu’aux Etats-Unis en matière de premiers dépôts. »
Sources : lesechos.fr