La créatrice de #balancetonporc se bat pour en conserver la marque
Publié le lundi 19 mars 2018La journaliste à l’origine du hashtag #balancetonporc, Sandra Muller, a engagé des actions pour récupérer cette expression, qui a enclenché une vague de témoignages sans précédent dans le sillage de l’affaire Weinstein.
Le 13 octobre 2017, la journaliste Sandra Muller poste un tweet qui fera date dans l’histoire du réseau social et dans celle de la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes.
#balancetonporc !! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlent sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends
— Sandra Muller (@LettreAudio) 13 octobre 2017
Le succès de cette invitation à libérer la parole des victimes de harcèlement sexuel, perçue comme une incitation à la délation par certains, a dépassé les attentes de Sandra Muller : le 6 mars, près de 845 000 messages avaient été postés sur les réseaux sociaux et prêt de 8000 articles de presse en ligne avaient été publiés à ce sujet, selon un décompte de Visibrain pour franceinfo.
Le hashtag #balancetonporc est même devenu une marque très prisée, qui a échappée à sa créatrice. Selon les informations de Franceinfo, la journaliste a bataillé pour se réapproprier cette expression déposée à l’INPI peu de temps après sa création :
Juste après la naissance du mouvement, mon avocat et moi avons été pas mal occupés et, quand on a voulu déposer la marque, on a vu qu’elle avait déjà été récupérée.
Sur le site de l’INPI, « Balance ton porc ! » apparaît en effet comme une « marque verbale » déposée le 3 novembre 2017 par une certaine Héloïse Nahmani. Plusieurs produits et services y sont associés, tels que des lessives, des lubrifiants, des vêtements, des sacs, des publicités, des activités sportives et culturelles…
La jeune femme, qui travaille dans l’audiovisuel, précise à Franceinfo :
On a eu l’idée de déposer la marque après un dîner entre filles. On pensait qu’elle serait déjà prise, mais ce n’était pas le cas. Nous avons voulu éviter que ça tombe entre de mauvaises mains. Notre projet était de faire un journal ou quelque chose qui fasse que « Balance ton porc » soit un peu plus voyant.
Mais elle a finalement renoncé après avoir été « harcelée », dit-elle, par Sandra Muller et son avocat :
Je ne savais même pas que c’était elle qui avait lancé ‘Balance ton porc’. Je me suis désistée car, visiblement, elle veut garder son truc.
Thaïs Boukella, vice-présidente de l’association We Work Safe, créée par la journaliste, précise :
On a seulement envoyé un courrier après des échanges très vifs. Cette personne n’avait pas l’air d’avoir envie de s’engager dans l’action menée par Sandra Muller. On a fait un dépôt de marque, qui sera bientôt effectif, les délais étant de six semaines. Ce n’est pas pour en faire une exploitation commerciale mais pour protéger l’esprit et la philosophie de ‘Balance ton porc’, et éviter les détournements.
Sandra Muller a appelé tout le monde à s’emparer et se servir de ‘Balance ton porc’. Mais désormais, elle veut protéger et défendre l’image du hashtag.
La journaliste est aussi en pourparlers avec les personnes qui ont déposé les noms de domaine www.balancetonporc.fr et www.balancetonporc.com, deux sites qui publient des témoignages anonymes sur le thème du harcèlement et des agressions sexuelles.
Sources et compléments : Francetvinfo
Illustration : IEEPI