Nespresso va faire un effort sur la compatibilité des capsules
Publié le jeudi 17 avril 2014Nespresso va faire un effort sur la compatibilité des capsules
Le groupe était accusé d’entrave à la concurrence. Il promet de prévenir ses concurrents des modifications qui rendraient des capsules incompatibles avec ses machines.
Nespresso France (groupe Nestlé) s’est engagé auprès de l’Autorité de la concurrence à modifier ses pratiques pour permettre d’ouvrir davantage le marché français des dosettes de café, sur lequel les fabricants se livrent une guerre depuis plusieurs années.
Le groupe s’est notamment engagé à communiquer «au moins trois mois à l’avance» à ses concurrents les modifications techniques apportées à ses machines qui les rendraient incompatibles avec les autres capsules. Il a également promis de ne plus dissuader les consommateurs d’utiliser les capsules de ses concurrents, que ce soit par voix de presse, sur ses emballages ou dans ses boutiques, et à modifier les conditions de garanties de ses machines.
L’Autorité de la concurrence va mettre en place un «test de marché» jusqu’au 19 mai, dont les conclusions seront rendues en juillet, pour voir si ces engagements «sont suffisants et pertinents» pour permettre de lever les obstacles à l’entrée et au développement des autres fabricants de capsules fonctionnant avec ses machines à café, a indiqué l’instance de régulation. Dans le cas contraire, l’instance se réserve le droit d’engager une procédure contentieuse pour abus de position dominante, a-t-elle ajouté. Les amendes possiblement encourues par Nestlé pourraient alors atteindre 10% de son chiffre d’affaires annuel. «Mais nous n’en sommes pas là pour le moment», a souligné le président de l’Autorité, Bruno Lasserre.
«C’est une première mondiale de voir ainsi un groupe mondial s’engager ainsi de manière négociée à modifier ses pratiques sur un de ses principaux marchés», s’est-il réjouit lors d’un point presse. La France représente environ 25% des ventes mondiales de dosettes pour Nespresso, célèbre pour ses publicités mettant en scène l’acteur George Clooney. Concrètement, «cela ne veut pas dire que les machines Nespresso seront rendues compatibles avec les capsules des concurrents, mais il s’agit plutôt de donner les moyens a ces derniers de pouvoir s’adapter», a expliqué Bruno Lasserre.
«Nous ne privons pas Nespresso de sa capacité d’innovation, mais nous voulons ainsi élargir le choix offert aux consommateurs», a-t-il ajouté.
Actions en justice
Plusieurs fabricants de dosettes pour machines à café avaient critiqué ces dernières années Nespresso en l’accusant d’entrave à la concurrence. Parallèlement à des procédures de saisie-contrefaçon et autour de la question des brevets, la société suisse Ethical Coffee Company (ECC) avait ainsi saisi en 2011 l’Autorité de la Concurrence dans ce dossier de la «guerre des dosettes». D’autres groupes, comme le géant néerlandais D.E Masters Blenders (DEMB, filiale du groupe allemand Joh. A Benckiser), qui détient notamment les marques Maison du Café et Senseo, ou le géant américain Mondelez (Carte noire), cherchent également à concurrencer le géant suisse sur ce créneau juteux.
D’autres actions en justice ont également été engagées à l’étranger (Allemagne, Suisse) aussi bien par Nestlé que par ses concurrents sur cette question des dosettes. L’Autorité française a elle entamé des discussions avec le géant suisse depuis l’automne, et avait fait part d’un certain nombre de ses «préoccupations» à Nestlé.
«Nous avions constaté qu’à partir de 2009, Nespresso avaient mis en œuvre un certain nombre de modifications techniques sur ses machines – par exemple en ajoutant des nervures et des crochets à ses dosettes ou en modifiant leur système de perforation – qui de fait les rendaient incompatibles avec les dosettes de ses concurrents», a rappelé Lasserre, jugeant «troublant» le fait que ces changements «aient coïncidé avec l’arrivée possible d’un nouveau concurrent».
Nespresso France a souhaité y répondre en prenant différents engagements, qui s’ils sont validés par les Sages, seront alors rendus «obligatoires» pour une durée de sept ans. Le groupe a spécifié jeudi dans un communiqué qu’il comptait «poursuivre sa collaboration» avec l’Autorité afin «de clôturer le dossier».
«Ces engagements ne valent, ni n’impliquent, une quelconque reconnaissance (de notre part, ndlr) du bien-fondé des préoccupations de concurrence exprimées», souligne le groupe. «Il est important de noter que l’évaluation préliminaire de l’Autorité de la concurrence ne constitue pas un constat d’irrégularité de nos pratiques commerciales», ajoute-t-il.
En signe de bonne volonté, Nespresso assure avoir déjà appliqué «de manière anticipée» les engagements pris sur son nouveau modèle de machine «Inissia», commercialisé depuis mars.
Sources : AFP