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Le sculpteur Jeff Koons condamné pour contrefaçon

Publié le samedi 11 mars 2017

L’art de l’appropriation n’a pas trouvé grâce aux yeux des tribunaux français le 9 mars dernier. Jeff Koons et le Centre Pompidou ont été condamnés pour « contre­façon » par le Tribunal de grande instance de Paris. Une victoire pour Claude Bauret-Allard, veuve du photographe Jean-François Bauret, mort en janvier 2014, qui accusait l’artiste américain d’avoir copié une photo de son époux pour fabriquer sa sculpture Naked.

La société Jeff Koons LLC, dont la star de l’art contemporain est le gérant, et le Centre Pompidou ont été condamnés à verser 20 000 euros à l’héritière en ré­paration du préjudice subi, plus 20 000 euros pour frais de justice. Jeff Koons LLC devra en outre payer 4 000 euros à la famille pour avoir reproduit l’œuvre litigieuse sur son site Internet.

Sculpture en porcelaine, Naked, présente de nombreuses simila­rités avec une image réalisée en 1970 par Jean-François Bauret… Chez Koons, contrai­rement à la photographie, le garçon tend un bouquet de fleurs à la fille. Cette œuvre aurait dû être exposée au Centre Pom­pidou lors de la rétrospective consa­crée à l’artiste en 2014-2015, mais elle a été retirée au dernier moment, le musée arguant qu’elle avait été endommagée pendant le transport…

Les juges indiquent que :

Les variations apportées par Jeff Koons n’empêchent pas de reconnaître et d’identifier les modèles et la pose  qui sont des éléments essentiels protégés de la photo de Jean-François Bauret.

Ce n’est pas la première fois que le plasticien est mis en cause pour s’être inspiré de travaux existants. Les précédentes pièces incriminées faisant partie d’une même série de Jeff Koons, « Banality », qui date de 1988, et dont le principe est de s’inspirer d’images venues de la presse ou d’objets du commerce.

Un exercice d’appropriation pratiqué par d’autres artistes contemporains comme Richard Prince, qui s’en est fait une spécialité, mais qui passe mal auprès de la justice française. Celle-ci tolère les atteintes au droit d’auteur dans les cas de caricature ou de citation – cette dernière notion étant difficile à faire valoir dans le cas d’images.

 

Sources : Claire Guillot pour Le Monde
Illustrations : à gauche, Jean-François Bauret, Enfants, 1970 (©Jean-François Bauret) et à droite, Jeff Koons, Naked, 1988 (©Jeff Koons).

Mots clés :
IEEPI