Propriété intellectuelle : recherche cadres désespérement
Publié le vendredi 8 novembre 2013Propriété intellectuelle : recherche cadres désespérément
En matière de propriété intellectuelle, beaucoup de postes de cadres ne sont pas pourvus. Explications de ce phénomène.
Les métiers de la propriété intellectuelle (PI) sont méconnus et pourtant ils offrent des perspectives d’emploi intéressantes. C’est ce qui ressort d’une étude* de l’INPI (Institut national de la propriété intellectuelle) publiée le 5 novembre dernier.
PI : il y a pénurie de cadres !
65% de l’ensemble des personnes interrogées dans le cadre de cette étude* réalisée par le cabinet PwC, rencontrent des difficultés à recruter des profils en adéquation avec leurs attentes, signale l’INPI. Parmi les raisons de cette pénurie on peut citer : l’absence de perspectives de carrière claires, la méconnaissance du rôle et de l’importance stratégique de la propriété intellectuelle (souvent sous-estimée) ainsi que le niveau des salaires proposés. Ce dernier critère – que l’on pourrait penser primordial- n’est pas perçu comme tel par la plupart des personnes interrogées. Bien souvent la PI est perçue plus comme un centre de coûts que comme un centre de profits. Le faible nombre – voire l’absence – d’indicateurs pertinents mesurant la performance de la PI explique en partie cette mauvaise perception.
D’où l’idée développée par l’INPI de rendre plus visibles et attractifs les différents métiers exercés par les professionnels PI. Il s’agit de faire du responsable PI un véritable « business partner » du chef d’entreprise. Pour cela, l’INPI propose d’élargir le portefeuille de compétences des professionnels de la PI afin qu’ils acquièrent une plus grande maîtrise des enjeux économiques, financiers et commerciaux. Cela se justifie particulièrement au moment où un accent important est mis sur les activités de valorisation financière de la PI et ceci quelle que soit la nature de l’organisation considérée (publique ou privée). Autre proposition : mesurer la contribution de la PI à la création de valeur, grâce à un tableau de bord simple et court revu régulièrement avec la direction générale.
Un référentiel des compétences
Les compétences d’un responsable PI sont multiples. Dans le cadre de cette étude, l’INPI a validé un référentiel des compétences de la fonction PI, constitué de 44 blocs de compétences regroupés en trois grandes familles : techniques et juridiques; business ; et encadrement. Mais surtout, estime l’étude, il faut démontrer que le responsable PI peut générer des ressources avec les revenus liés aux brevets notamment. Dans cette perspective, il est nécessaire de s’intéresser à des indicateurs compréhensibles par une direction générale et qui rejoignent ses préoccupations d’ordre stratégique et financier.
Lorsque la PI est utilisée de manière offensive, elle permet de bloquer ou de retarder la concurrence et de protéger les flux de revenus actuels et futurs. Et dans ce domaine les sommes et les enjeux sont loin d’être négligeables. Ainsi lorsque Google a acquis les 17 000 brevets de Motorola Mobility pour 12,5 millions de dollars, son PDG, Larry Page, a déclaré : « Notre acquisition de Motorola va accroître la concurrence tout en renforçant le portefeuille de brevets de Google, ce qui nous aidera à mieux protéger Android des menaces anti-concurrentielles de Microsoft, d’Apple et d’autres entreprises ».
* « Les métiers de la propriété intellectuelle au service de la compétitivité des organisations – Enjeux et perspectives d’une filière stratégique en évolution ». Pour réaliser cette étude, le cabinet PwC a rencontré une cinquantaine d’acteurs de structures privées et publiques appartenant à des industries variées : entreprises : grands groupes, PME et start-up; organismes publics : laboratoires & organismes de recherche, structures d’animation économique ou de valorisation, conseils en propriété industrielle (CPI), avocats spécialisés en droit de la PI.
Sources : Sophie Lhameen pour « Cadre et Dirigeant Magazine »